Comment prendre soin de la dentition de mon cheval ?

Parce que vous avez modifié le régime alimentaire de votre cheval. Parce que vous attendez de lui des performances optimales ou espérez profiter de sa compagnie le plus longtemps possible. Les soins dentaires de routine seront essentiels à la santé de votre cheval. Des examens périodiques et un entretien régulier de la dentition amélioreront le confort de votre animal, et l’aideront à se dépasser !

On fait le point.

Dans la bouche de mon cheval…

Les chevaux ont progressivement évolué en animaux de pâturage, et leurs dents se sont parfaitement adaptées à cette fin.

A l’avant, les incisives sont destinées à cisailler le fourrage. Les molaires et les prémolaires, avec leur surface large et plate, broient facilement les aliments pour faciliter leur ingestion.

De la même manière que les humains, les chevaux possèdent deux séries de dents au cours de leur vie. Les dents de lait sont temporaires. Les premières incisives caduques peuvent apparaître avant la naissance du poulain, et les dernières dents de lait apparaissent alors que le cheval est âgé d’environ 8 mois. Elles commenceront à être remplacées par des dents adultes vers l’âge de 2 ans et demi.

À l’âge de 5 ans, la plupart des chevaux possèdent l’intégralité de leurs dents permanentes. Un cheval mâle adulte en aura 40. Une jument entre 36 et 40, celles-ci n’ayant pas forcément de canines.

N’hésitez pas à suivre attentivement l’apparition progressive des dents de votre cheval. Cela vous permettra peut-être de détecter de potentielles anomalies liées à la dentition.

Quelles dents, à quel moment ?

• Naissance ou premières semaines : Premières incisives. Prémolaires de lait.
• 4 à 6 semaines : Deuxièmes incisives.
• 4 à 5 mois : Canines.
• 6 à 9 mois : Troisièmes incisives. Premières prémolaires définitives.
• 9 à 12 mois : Premières molaires.
• 2 ans : Premières incisives définitives. Deuxièmes prémolaires définitives. Deuxièmes molaires.
• 3 ans : Deuxièmes incisives définitives. Troisièmes prémolaires définitives. Troisièmes molaires.
• 4 ans : Troisièmes incisives définitives. Quatrièmes prémolaires.

Les problèmes de dentition courants chez le cheval

Bien des problèmes dentaires peuvent affecter nos amis équins. Parmi les plus courants, nous retrouvons :

• La pointe dentaire. Très inconfortable, celle-ci peut provoquer des lacérations des joues et de la langue.
• La coiffe retenue. Où les dents de lait ne tombent pas.
• L’inconfort causé par le contact du mors avec les dents de loup (dents supplémentaires présentes au fond de la bouche. Elles n’apparaissent pas chez tous les chevaux).
• La présence de canines longues et/ou pointues, interférant avec l’insertion ou le retrait du mors.
• La perte de dents.
• Une ou plusieurs dents cassées.
• Des dents trop usées ou anormalement longues, rendant l’alimentation difficile.
• Un désalignement ou une mauvaise apposition, peut être due à des malformations congénitales ou à une blessure.
• Une maladie parodontale (des gencives).

Comment reconnaître une pathologie dentaire ?

Les chevaux ayant des problèmes dentaires peuvent montrer des signes évidents en manifestant de la douleur ou de l’irritation. D’autres toutefois peuvent ne montrer aucun signe perceptible. Cela dépend de l’affection mais aussi du cheval lui-même qui saura plus ou moins gérer son inconfort, en fonction de son tempérament. Vous apprendrez petit à petit à bien connaître votre compagnon.

Parmi les indicateurs visibles, vous serez particulièrement attentif à :

• La perte de nourriture tandis que le cheval mange, la difficulté à mâcher ou la salivation excessive.
• La diminution de la forme physique.
• Les éventuelles particules alimentaires (tiges longues ou grains entiers) dans le fumier.
• La mastication du mors, la langue pendante, ou la résistance à la bride lorsque vous montez en selle par exemple.
• L’odeur nauséabonde de sa bouche ou de ses narines, accompagnée parfois de traces de sang.
• L’écoulement nasal ou le gonflement des tissus du visage et de la mâchoire.

Les examens oraux pratiqués de manière annuelle par un vétérinaire offriront la possibilité d’effectuer un entretien dentaire préventif de routine. Et d’éviter bien des désagréments !

L’importance de l’entretien préventif de la dentition

Terre, sable, minuscules graviers et mêmes petites bêtes… Au pâturage, les chevaux broutent presque continuellement, sans être très précautionneux quant à ce qu’ils avalent. Cela n’est pas vraiment grave, et permet au contraire aux dents de s’user et de conserver une taille acceptable.

Mais à l’écurie, c’est une autre histoire. Les repas sont plutôt programmés et non continus, riches en céréales et en foin transformés. Les aliments plus mous nécessitent moins de mastication. L’occasion pour les dents de devenir excessivement longues ou de s’user de manière inégale.

Étant donné que les rangées de dents inférieures sont plus rapprochées que les rangées supérieures, et que le cheval mâche selon un mouvement latéral, des pointes acérées peuvent régulièrement se former le long des bords. Celles-ci devront être lissées pour éviter les dommages sur les joues et la langue.

Un examen de routine de la dentition sera particulièrement important chez les chevaux qui n’ont pas toutes leurs dents ou dont les dents ne s’usent pas correctement en raison d’un mauvais alignement. Si les dents de devant ou de derrière ne sont pas alignées par exemple, des crochets peuvent se former.

Et non traités, ces crochets peuvent devenir suffisamment longs ou pointus pour endommager les tissus mous. Ils seront corrigés à l’aide de râpes ou de fraises électriques, que le vétérinaire manipulera avec précaution !

Les affections les plus graves pourront nécessiter des traitements répartis sur 12 à 18 mois. Un examen oral complet devra précéder toute intervention dentaire.

Dentition et facteur d’âge

L’âge d’un cheval affecte le degré d’attention et la fréquence des soins dentaires requis.

Par exemple, les poulains doivent être examinés rapidement après la naissance puis périodiquement au cours de la première année. Cela afin de diagnostiquer et de corriger les anomalies dentaires congénitales.
Les chevaux qui s’entraînent pour la première fois, en particulier les chevaux de 2 ou 3 ans, auront également besoin d’un bilan dentaire complet. Les dents devront être limées pour éliminer les éventuelles pointes acérées. Et les dents de loup seront extraites sans attendre.
Les chevaux entre 2 et 5 ans enfin, qui n’ont pas encore perdu toutes leurs dents de lait, nécessiteront des examens dentaires fréquents. Plus molles que les dents définitives, les dents de lait tendent à favoriser l’apparition de pointes. Prévoyez en moyenne un examen semestriel, de la naissance de votre cheval jusqu’à ses 5 ans.

De leur côté, les chevaux adultes devront subir un examen dentaire approfondi au moins une fois par an. De cette façon, un alignement dentaire correct sera facilement maintenu et les problèmes dentaires éventuels seront diagnostiqués le plus tôt possible.

Des sédatifs, des anesthésiques locaux et des analgésiques pourront aider l’animal à se détendre tout au long de l’intervention. Ces médicaments ne doivent être administrés que par un vétérinaire.

Bien sûr, les chevaux âgés de 17 ans ou plus courent un risque accru de développer une maladie parodontale. Celle-ci sera soignée d’autant plus efficacement que le diagnostic aura été précoce. Au-delà de 20 ans, les surfaces dentaires peuvent s’user de manière excessive, et la correction de l’alignement dentaire peut devenir impossible.
Les chevaux de plus de 20 ans devront recevoir une évaluation dentaire et des conseils nutritionnels au moins une fois par an afin de maintenir leur condition physique et leur qualité de vie. Avec des soins dentaires adaptés, la plupart des chevaux conserveront une dentition fonctionnelle même au cours de leur vieillesse.

Identifier les problèmes à la racine

En cas de besoin, les radiographies peuvent également aider à déterminer s’il y a un problème avec une dent sous la ligne des gencives. Elles révéleront les anomalies au niveau de la racine et de l’os.

Le point sur l’hypercémentose

L’hypercémentose, c’est l’accumulation de plaque sur les incisives ou les canines. Une protubérance bosselée se développe alors sous la ligne des gencives. Dans ce cas, il faudra parfois envisager l’ablation des incisives affectées… Ce qui n’est pas toujours une mince affaire !

Prendre en charge les maladies dentaires graves

Des affections dentaires graves peuvent nécessiter des soins dentaires avancés et/ou une extraction par un vétérinaire qualifié. La douleur, parfois difficile à identifier, peut grandement affecter la santé globale de votre cheval. Parmi les signes d’un problème avancé liée à la dentition, nous retrouverons :

• Le quidding. Le cheval recrache sa nourriture ou la laisse tomber de sa bouche.
• Une haleine nauséabonde.
• Une perte de poids.
• Le refus de s’alimenter.
• Un écoulement nasal ou de pus au niveau de la joue et de la mâchoire.
• Le refus d’accepter le mors.
• Des mouvements brusques de la tête.
• Des gencives rouges.

A noter que les difficultés d’alimentation peuvent aussi entraîner une mauvaise digestion accompagnée de coliques ou d’un étouffement œsophagien chronique dans les cas les plus avancés.

Bien, et vous alors ? A quand remonte la dernière fois que vous avez fait vérifier la dentition de votre cheval? Peut-être est-il temps de planifier un nouveau rendez-vous ?
Bien évidemment (faut-il le rappeler ?), n’essayez pas d’effectuer vous-même un quelconque procédure dentaire sur votre cheval. Cherchez plutôt un dentiste équin expérimenté ou un vétérinaire équin qui entreprendra lui-même les soins.

Une manière supplémentaire de témoigner à votre animal tout votre amour… Chose que vous faites déjà au quotidien, d’une multitude de façons !